EABI : Que devient un BABI une fois enfant ?



BABI, jusqu’à quel âge ? On les appelle BABI... ces petits Bébés Aux Besoins Intenses. Certains ne voient en ces quatre petites lettres qu’une forme de stigmatisation. Une espèce de formule visant à placer dans des cases une catégorie bien spécifique de bébés. Des nourrissons considérés et jugés par certaines personnes comme étant "difficiles". Car après tout, de l’extérieur, on ne voit que des parents esclaves de leur enfant ! Mais c’est tellement facile d’appeler un bout’chou qui pleure beaucoup et qui dort peu un bébé au tempérament difficile. C’est tellement facile de dire "C’est la faute aux parents". Et finalement, elle est là, la véritable stigmatisation. Ce qui doit changer, ce n’est pas le tempérament du BABI mais c’est surtout le regard de celles et ceux manquent de compréhension à leur égard. Ah, je ne vous le fais pas dire, il fait bien parler de lui cet acronyme : BABI ! C’est sûr, il provoquera des vagues de désaccords et en fera tiquer plus d’un.

Certains disent que les BABI ne sont que des enfants capricieux. D’autres pensent que c’est le résultat du laisser-aller des parents. Pourtant, ce phénomène n’est pas une hallucination dû à un manque de sommeil, non. Ce n’est pas non plus le fruit de l’imagination des parents complètement à bout ! Le concept est bien réel. Et tellement peu reconnu au grand damn des papas et des mamans fatigués, désarmés et isolés qui font pourtant de leur mieux pour s’occuper de ce petit bébé qui demande tant d’énergie et de compréhension.

Comment évolue un BABI ?

Définition du BABI

Le concept BABI est apparu dans les années 80 par le Dr William Sears, un pédiatre américain très médiatisé, notamment, pour avoir prôné les mérites du cododo, du portage et de l’allaitement prolongé.

On les appelle des BABI mais on dit d’eux qu’ils sont difficiles. Grave erreur. C’est juste qu’ils ne correspondent pas aux modèles si parfaits (en apparence) des bébés sages comme des images qu’on peut voir (ou croire voir !) dans les magazines. Le BABI - Bébé aux besoins intenses, c’est quoi ? Tous les BABI présentent des caractéristiques spécifiques (tout en ayant chacun leur propre caractère) : un bout’chou hypersensible, de nature anxieuse, qui dort extrêmement peu et qui se réveille au moindre bruit, un tout petit être qui pleure beaucoup et qui est littéralement accro à ses parents, enfin... principalement au parent qui s’occupe de lui la plupart du temps. Capricieux ? Non. Difficile ? Non plus. Fatigant ? Oui. Les parents sont épuisés ! Les BABI sont des bébés dont les fonctions biologiques sont moins régulières influant ainsi directement sur leur appétit et leur cycle d’éveil et de sommeil. Ce sont donc des nourrissons qui démontrent une moins bonne capacité d’adaptation, qui peinent à s’ajuster et à acquérir cette aptitude à s’auto-rassurer, pouvant se montrer plus colériques et pleurer beaucoup tout en étant difficilement consolables.

Aujourd’hui, on pense qu’environ 1 enfant sur 10 né avec ce "tempérament". Les parents des BABI déplorent que cette réalité soit autant méconnue. Bien que le concept soit né depuis maintenant près de 40 ans aux USA, je me demande encore pourquoi en France, le sujet reste aussi controversé. Presque balayé par beaucoup de professionnels de la santé. On préfère de loin incriminer les parents et leur jeter au visage de doux refrains culpabilisants et moralisateurs pour leur faire croire que c’est de leur faute si leur nourrisson est ainsi. Laissez-moi vous rassurer : la personnalité de votre BABI n’est pas définie par ses pleurs, son envie d’être dans vos bras, son incapacité à trouver le sommeil tout seul... et d’ailleurs, rien de tout cela ne fait de lui un mauvais bébé ou une mauvaise personne en devenir.

Moi... maman d’un ancien BABI

Je me présente : maman d’un ancien BABI. Je n’écris pas cet article pour défendre ce concept. Mais pour venir en aide aux parents qui ont un bébé aux besoins intenses et qui se sentent démunis, démoralisés, coupables et impuissants face à la situation. Parce que je suis convaincue que pour comprendre la détresse d’un papa ou d’une maman d’un BABI, il faut en être un soi-même. Dès la naissance de mon BABI, j’ai vite constaté qu’elle ne se comportait pas comme l’aîné. Elle pleurait sans cesse, à moins d’être au sein ou de dormir sur moi, le jour comme la nuit. En sa présence, nous étions, mon mari et moi figés comme des statues car nous savions qu’au moindre mouvement, elle se réveillerait ! Et l’endormir était déjà tellement compliqué. Rien ne fonctionnait. L’écharpe de portage est vite devenue ma deuxième peau. Pendant des mois, ma fille était dedans en permanence. Mes bras étaient son unique réconfort. J’étais exténuée physiquement. Moralement éreintée. Mais tout a changé quand j’ai pu mettre un mot sur ce que je vivais depuis sa naissance. "BABI". Je me suis sentie tellement soulagée... réconfortée de savoir que mon bébé n’était pas le seul bébé au monde à réagir ainsi et que ce n’était pas de ma faute. Je ne suis pas du genre à étiqueter les enfants... et je n’aime pas l’idée que tout le monde doive rentrer dans des cases pour être conforme à une norme ! Cela dit, ma fille présentait toutes les caractéristiques du BABI. Après l’avoir compris, nous avons pu nous adapter à elle, trouver des solutions pour gérer le BABI, pour faciliter le quotidien de notre famille et mieux répondre à ses besoins si spécifiques. Aujourd’hui, elle est devenue une petite fille, merveilleuse (en toute objectivité !) et je garde de ces moments que je considérais comme difficiles quand elle était bébé, que de beaux souvenirs et des situations qui me font aujourd’hui sourire avec nostalgie.

BABI un jour, BABI pour toujours ?

Si votre bébé est un bébé aux Besoins intenses, vous vous êtes certainement déjà posé les mêmes questions que moi il y a quelques années : "Quel type d’enfant mon BABI va-t-il devenir ?" - "BABI, oui... mais jusqu’à quel âge ?" Et je sens bien une légère peur dans ces deux interrogations, c’est tellement légitime quand on est parent. Est-ce que celui ou celle qui naît BABI le reste toute sa vie ? Autrement dit, est-ce que le BABI devient un EABI, un enfant aux besoins intenses ? Puis un AABI, un ado aux besoins intenses, et enfin un adulte aux besoins intenses ? Et, soyons franc, est-ce que vous allez galérer longtemps ?

Que devient un BABI une fois enfant ?

Pendant de nombreuses années, on a cru à tord que le tempérament était immuable. Un trait inné, une sorte d’héritage que rien ni personne ne pouvait transformer, façonner. Bien entendu, le tempérament est en partie inné... mais aujourd’hui, on sait avec certitude qu’il peut changer et surtout, être influé par l’environnement dans lequel se trouve le bébé. Notamment, par la sensibilité maternelle ou les rapports développés entre parents/enfants par exemple... Et cela est particulièrement marqué et vrai chez les BABI du fait de la perméabilité de leur tempérament. Le BABI tirera davantage de bénéfices (que les autres enfants) en évoluant dans un milieu où il est stimulé, rassuré, choyé, réconforté et où il trouve des réponses aux signaux qu’il émet. De même, si le BABI grandi avec un parent stressé ou en colère et qu’il se trouve dans un environnement où on ne lui répond pas quand il pleure, il va réagir de façon négative, ce qui va entraîner un cercle vicieux destructeur pour l’enfant comme pour la famille. Les BABI sont de vraies petites éponges. Ils sont tellement sensibles et réactifs à tout ce qui se passe autour d’eux... Cette caractéristique des bébés aux besoins intenses peut sembler handicapante aujourd’hui mais la réalité est toute autre. Offrez à votre BABI cet environnement rassurant, stimulant, soyez vous-même calme et heureux et vous verrez les résultats dans les mois et les années à venir... Oui, cela influera sur son tempérament d’enfant et sa future vie d’adulte. Autrement dit, ce que devient un BABI une fois enfant, c’est en partie vous qui allez le déterminer selon l’attitude que vous adopterez. Cela ne veut pas dire qu’il faut tout accepter de la part de son bébé... quand il aura grandi et que ses besoins deviendront des désirs (voire des caprices à un certain âge), il faudra imposer une certaine discipline et savoir dire "NON" même si crise il y a.

Après, il faut vous demander à quel âge estimez-vous que votre bébé sera un enfant ? Car limite entre bébé et enfant n’est pas nette et précise, et chaque parent a d’ailleurs sa propre idée sur la question. Est-ce que vous considérez que c’est vers 1 an quand il sera capable de marcher ? Ou encore à 3 ans quand il sera en mesure de maîtriser ses petits sphincters et qu’il sera propre ? Difficile de répondre à la question parce qu’un bébé ne devient pas un enfant subitement du jour au lendemain ! Quelque soit l’âge de votre BABI, n’ayez pas d’attentes irréalistes, juste prenez-le tel qu’il est et sans le comparer aux autres. Au fur et à mesure, grâce à vous et à votre persévérance, votre tout-petit va évoluer et apprendre à s’autonomiser et s’auto-rassurer. La meilleure technique est donc de répondre rapidement aux besoins de ces bébés anxieux ! Le laisser pleurer sera contre-productif dans la mesure où le BABI a ce besoin d’être rassuré et sécurisé en permanence. Il faut y aller en douceur ! Cela vous vaudra des remarques du style : "Tu devrais le laisser pleurer pour qu’il apprenne à gérer ses émotions et à se calmer tout seul". Mais soyez sûre de vous. N’essayez pas de camoufler "le tempérament difficile" de votre bébé, acceptez-le tel qu’il est et surtout, ignorez le regard des autres qui peut être pesant et culpabilisant. Pour le moment, votre BABI est peut-être incapable de s’endormir seul dans son lit. Mais bientôt, il n’aura plus besoin de vous pour trouver son sommeil. Vous aurez accompli votre mission. Pour le moment, votre bébé ne supporte peut-être pas la poussette ou la voiture ? Mais un beau jour, il adorera probablement vos virées ensemble et les réclamera. Là encore, vous aurez tenu bon. Pour le moment, votre BABI hurle, crie et pleure beaucoup à la moindre frustration... mais d’ici peu, il ne s’exprimera plus avec ses pleurs et pourra vous communiquer ses besoins en utilisant des mots. Une fois de plus, vous pourrez être fier de vous. Je ne peux pas vous dire exactement quel enfant sera votre petit BABI, mais je sais que vous ne serez pas déçu du résultat ! Je sais aussi qu’il ou qu’elle sera votre plus belle réussite et que vous sourirez en pensant à ce que vous vivez actuellement.

BABI, combien de temps ?

Est-ce que vous allez galérer longtemps avec votre BABI ?

Vivez cette période non pas comme un sprint interminable qui n’en finit pas mais plutôt comme une course d’endurance où chacun court à son propre rythme. Le but étant de réussir à tenir.

Bon, j’ai deux enfants. Un seul BABI. Je vous dirai que le temps fait beaucoup dans cette situation ! Qu’au fil des mois, les parents apprennent à apprivoiser et à comprendre leur BABI et surtout, à décoder ses pleurs. Car les pleurs sont bel et bien la caractéristique principale du BABI. Et malheureusement, quand il naît, aucun mode d’emploi n’est fourni aux parents pour apprendre à décoder ces signaux cryptés. Les papas et les mamans des bébés aux besoins intenses doivent savoir que la vie devient plus facile lorsque leur progéniture commence à se déplacer tout seul et à se faire comprendre. A partir du moment où le BABI sait se déplacer et verbaliser ce qu’il ressent, le quotidien se transforme ! C’est comme si les BABI s’ennuyaient dans leur peau de bébé. Peut-être trop étriqués, comme prisonniers dans un petit corps qui limite leur curiosité et les empêche de faire tout ce qu’ils aimeraient faire ! Super frustrant. Ca ne veut pas dire que leurs besoins diminuent alors. Mais que la découverte du quatre pattes ou de la marche leur offre cette autonomie si précieuse qui va leur permettre de pouvoir enfin combler leurs besoins par eux-mêmes. Et plus le bébé va gagner en indépendance et moins il va se sentir frustré... et plus il sera épanoui... ainsi que le reste de la famille bien entendu.

Autre point très important : le sommeil ! Vers 2 ou 3 ans, le sommeil du BABI se régularise. Ici, ma petite glue a commencé à faire ses nuits à 24 mois et à s’endormir toute seule à 3 ans. Ca a changé nos vies littéralement et ça c’est fait du jour au lendemain à chaque fois. Alors patience... accompagner un bébé aux besoins intenses est un véritable cheminement, mais soyez certain qu’il vous amènera au fil des jours, vers un quotidien de plus en plus facile. Et que la relation parents/enfant n’en sera que plus belle.

Mon BABI va-t-il conserver son "tempérament fort" adulte ?

Si votre BABI a des caractéristiques spécifiques communes aux autres BABI, n’oubliez pas que c’est "un exemplaire unique" et qu’il a son propre petit caractère, ses propres besoins. Votre rôle c’est de l’aider à prendre confiance en lui, c’est de l’accompagner. A vos côtés, votre bébé pourra devenir cet enfant, puis cet adolescent et enfin cet adulte si sensible bourré de qualités ! Aujourd’hui, vous faites face à un bébé qui vous semble différent des autres bout’choux. A vous de transformez ces différences naturelles en talents exceptionnels. Valorisez l’ensemble de ses qualités et ne soyez pas trop pressé de découvrir quel type d’enfant et d’adulte votre BABI deviendra. Toutes ces caractéristiques qui vous paraissent pour le moment embêtantes et handicapantes se transformeront avec le temps en atout pour votre enfant. A condition que papa et maman parviennent à comprendre ce que bébé veut dire lorsqu’il pleure et qu’ils y apportent une réponse ! Au fond, je pense que chaque BABI reste un BABI toute sa vie : un être humain assez anxieux, hypersensible, compatissant et curieux... Avec ses propres qualités qui n’appartiennent qu’à lui. Il me semble aussi que les besoins ne diminuent pas avec le temps, mais qu’ils changent simplement.

Un BABI devient-il un enfant aux besoins intenses ?

Je vois ma fille aujourd’hui et je peux vous dire qu’elle a effectivement conservé ses traits de BABI... elle est extrêmement sensible et ne supporte pas de faire de la peine aux autres, ce qui la rend compatissante. Elle pleure quand elle attriste quelqu’un et demande pardon d’elle-même la plupart du temps. Elle est très observatrice et s’attache aux personnes et non aux choses. Mais il lui faut du temps pour accorder sa confiance. Elle est joyeuse, curieuse, vive d’esprit et rigolote, elle adore rire. Elle a gardé son anxiété de BABI et reste craintive des gens, des bruits, des ambiances... Elle réclame également toujours mes bras, ce qui peut parfois être fatiguant encore. Et je vais peut-être vous décevoir mais elle est aussi restée un brin colérique ! Oups ! Mais je vous rassure... Aujourd’hui, tout est très différent de quand elle était bébé. Maintenant elle peut s’exprimer et mettre des mots sur ce qui la fruste ou la met en colère. Elle peut verbaliser ce qu’elle ressent et ainsi mieux gérer ses émotions. Elle nous explique ce qui ne va pas, on l’écoute, on dialogue et on la rassure. Il n’y a plus de crises (ou elles sont très rares !) elle ne pleure plus, sauf quand elle tombe et qu’elle se fait mal... car elle est très douillette ! Elle fait ses nuits et s’endort toute seule parfois en parlant à ses peluches, parfois en chantant. Mais elle n’a plus besoin de moi pour trouver le sommeil ; et ça, c’est ma plus grande victoire. En fait, elle est devenue la petite fille que je rêvais d’avoir.

Je conclurai avec cette petite phrase du Dr Sears que je trouve exceptionnelle et criante de vérité : avec le temps, le petit « preneur » pourra devenir un grand « donneur ».


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